Session de 2025,
19e et 20e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7206

L’ECOSOC achève son débat sur les activités opérationnelles de développement dans un contexte d’incertitudes et de défis persistants aux Nations Unies

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, son débat annuel consacré aux activités opérationnelles de développement qui s’est articulé, sur trois jours, autour de neuf tables rondes, dont deux temps forts qui ont permis aux États Membres de dialoguer avec le Secrétaire général et la Vice-Secrétaire générale.

Alors que M. António Guterres a lancé l’Initiative ONU80, un grand chantier de réformes de l’Organisation qui fête cette année son quatre-vingtième anniversaire, le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae (Canada), a fait remarquer que ce débat se tenait « dans un contexte d’incertitudes et de défis persistants » (montée des conflits et des inégalités socioéconomiques, crise climatique, crises simultanées de trésorerie et de financement de l’ONU).

Lors des discussions de cette session, il est apparu clairement que le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres étaient fermement déterminés à relever les défis de taille et à accélérer la mise en œuvre des mesures visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  M. Rae a aussi relevé la valeur que les États Membres reconnaissent au système réformé des coordonnateurs résidents.

Parallèlement, un consensus général s’est dégagé sur le fait qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir des ressources suffisantes et prévisibles aux coordonnateurs résidents ainsi que pour améliorer la coordination, la mise en œuvre, la responsabilisation et la pérennité du système des Nations Unies.  La nécessité d’avoir des systèmes de données et d’évaluation plus performants a également été mise au jour.

« Nous devons contribuer à garantir que le système des Nations Unies pour le développement soit réactif, agile et efficace », a conclu M. Rae en rappelant que le Pacte pour l’avenir et la prochaine Conférence sur le financement du développement à Séville sont essentiels à la réalisation des ODD.

Responsabilité efficace: évaluation à l’échelle du système des Nations Unies 

Cette séance était consacrée à la présentation du rapport annuel du Bureau des évaluations à l’échelle du système, qui a été créé pour évaluer les contributions apportées par le système des Nations Unies dans son ensemble à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Les États Membres ont également entendu un exposé portant sur des évaluations récentes menées par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), notamment concernant le rôle des coordonnateurs résidents dans les contextes complexes.

Mme Andrea Cook, la Directrice exécutive du Bureau du Groupe des Nations Unies pour le développement durable (GNUDD) chargé des évaluations à l’échelle du système, qui a présenté son rapport (E/2025/57), a rappelé que la politique d’évaluation à l’échelle du système du GNUDD a été officiellement adoptée en novembre 2024. Cette politique, qui confirme l’indépendance structurelle de ce Bureau au sein du Secrétariat de l’ONU, a établi un cadre, des principes directeurs et des procédures pour cette évaluation. 

L’an dernier, a poursuivi Mme Cook, deux rapports ont été rédigés sur l’Initiative Spotlight, un investissement de plus de 500 millions de dollars destiné à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.  De même, une évaluation a porté sur la performance globale et la contribution aux efforts de la réforme du système de développement des Nations Unies.  Pour Mme Cook, cette évaluation démontre la capacité d’une approche intégrée et interinstitutions à contribuer à des changements majeurs aux niveaux régional, national et local. 

Cependant, des difficultés ont été rencontrées en raison d’un modèle opérationnel complexe et des limites de compatibilité des systèmes administratifs et financiers des Nations Unies, a-t-elle tempéré.  Elle a indiqué que huit recommandations étaient ressorties de l’évaluation, qui ont toutes été acceptées dans la réponse de la Direction.  Elle a aussi souligné le rôle important que joue le Bureau des évaluations à l’échelle du système dans le renforcement de l’utilisation et de l’apprentissage de la base de données d’évaluation des Nations Unies, qui est vaste mais fragmentée.  Elle a présenté enfin deux nouvelles évaluations, dont une portant sur les progrès vers une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies.

Mme Cook a assuré que les réponses et le suivi de son Bureau sont largement accessibles, ce qui garantit la transparence tout en promouvant l’utilisation des rapports.  Un répertoire complet est d’ailleurs disponible sur les sites Internet du Groupe des Nations Unies pour l’évaluation (GNUE) et du GNUDD et, depuis 2025, sur le site Internet principal du Secrétariat de l’ONU.

Sur le plan budgétaire, elle a indiqué que sur un budget de 2,4 millions de dollars pour 2024, un total de 1,54 million de dollars a été reçu par le Bureau en contributions extrabudgétaires et 80 562 dollars en contributions en nature.  Le Bureau prévoit de lancer deux nouvelles évaluations, ainsi qu’une série d’autres rapports sous réserve de la disponibilité des ressources, a indiqué Mme Cook en précisant que le Bureau reste tributaire de ressources extrabudgétaires.  Son budget révisé est de 3,01 millions de dollars pour 2025, alors que la nouvelle structure espère élargir sa base de financement et avoir des ressources stables et prévisibles pour répondre aux attentes des États Membres.

De son côté, le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a indiqué la Secrétaire générale adjointe, Mme Diakité Fatoumata N’diaye, a adressé 11 recommandations depuis 2021 au Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), qui ont toutes été acceptées, dont 5 sont déjà appliquées et 6 en cours de mise en œuvre.  Le BSCI finalise actuellement l’examen triennal de son évaluation de la cohérence des programmes de pays de 2021, qui a révélé que quatre recommandations adressées au Bureau de coordination des pays (BCP) avaient été mises en œuvre, avec des résultats positifs.

Par ces efforts, a salué la Secrétaire générale adjointe, la proportion d’équipes de pays des Nations Unies disposant d’au moins un programme conjoint actif est passée de 78% en 2021 à 87% en 2024.  La multiplication des plans de travail conjoints a permis notamment d’identifier les domaines de complémentarité entre les entités, d’améliorer la communication avec les partenaires clés et d’améliorer la coopération avec les gouvernements.  De plus, « grâce à la réalisation d’enquêtes mondiales annuelles auprès des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies, nous avons accumulé un important volume de données historiques que nous pouvons utiliser pour réaliser des analyses de tendances et d’autres évaluations, notamment en utilisant l’intelligence artificielle pour synthétiser de vastes ensembles de données », s’est réjouie Mme N’diaye. 

Après coup, le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a formulé quatre recommandations au Bureau du contrôle des finances pour revoir la structure du personnel du système des coordonnateurs résidents dans les contextes complexes et produire un document d’orientation sur les ressources.  En 2025, le BSCI a prévu d’évaluer le système des coordonnateurs résidents dans les pays les moins avancés (PMA), en mettant l’accent sur le soutien apporté par ce système lorsque les pays sortent de la catégorie des PMA. 

Les évaluations des politiques et programmes sont la pierre angulaire de la bonne gouvernance partout, aussi bien au sein des Nations Unies qu’au sein des gouvernements, a fait remarquer Mme Isabelle Mercier, Directrice de Bureau indépendant de l’évaluation au PNUD, qui est également Présidente du GNUE.  Elle a estimé que les connaissances du système onusien en matière d’évaluation devraient être adaptées aux besoins spécifiques des pays.  Les Nations Unies utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle pour effectuer des évaluations en matière de mise en œuvre des ODD, a-t-elle relevé à cet égard.

Réagissant à ces présentations, les États Membres ont reconnu l’importance de la redevabilité.  Le Rwanda a estimé que la vraie responsabilisation demande un changement de paradigme au sein du système.  À son avis, les évaluations ne doivent pas être une fin en soi mais doivent au contraire aider à la prise de décision et à entreprendre des modifications subséquentes, y compris sur le plan budgétaire.  Il a réclamé une réelle responsabilité du système, y compris entre les agences, vis-à-vis des États Membres.  Or pour le délégué, il y a encore malheureusement des écarts entre les ambitions et les résultats réalisés sur le terrain par les coordonnateurs résidents. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas les ressources suffisantes pour véritablement prendre les décisions adéquates sur le terrain, a-t-il estimé. 

L’Allemagne a aussi salué les évaluations menées par le système, avertissant qu’économiser sur les évaluations aujourd’hui coûtera cher en termes d’efficacité future.  Il a indiqué que l’Initiative ONU80 offre une occasion unique de garantir la coordination à l’échelle du système, question d’assurer une mise en œuvre plus cohérente et plus efficace au niveau des pays.  Il a appelé à combler l’écart entre les recommandations d’évaluation et leur mise en œuvre au sein du système onusien.  Il a aussi plaidé pour l’harmonisation des axes et des efforts d’évaluation avec « l’orientation stratégique ».

La Suède, comme d’autres délégations, a également souhaité que l’Initiative ONU80 permette de rassembler les activités dévaluations en une seule entité, tandis que la Fédération de Russie a souhaité que les agences et les équipes de pays soient invitées à prendre la parole au cours de ce genre de débat sur l’évaluation du système des Nations Unies pour le développement. 

Responsabilité effective: mesures visant à prévenir l’exploitation et les abus sexuels ainsi que le harcèlement sexuel

En 2024, 675 allégations d’exploitation et d’abus sexuels ont été enregistrées dans le système des Nations Unies pour le développement, a déclaré M. Christian Saunders, Coordonnateur spécial pour l’amélioration de la réponse des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels, premier orateur de cette table ronde, en précisant qu’environ 30% des cas concernaient des enfants.  De nombreux autres cas ne sont pas signalés à cause de la stigmatisation, la peur et le manque de confiance quant aux résultats des dénonciations, a-t-il ajouté en déplorant le nombre de cas d’abus qui portent atteinte à la crédibilité de l’ONU et trahissent la confiance des communautés. 

L’un des principaux défis à son avis est le manque de leadership à tous les niveaux du système des Nations Unies.  Il a cité à cet égard l’enquête mondiale menée en 2024 auprès du personnel de l’ONU sur la Politique de protection contre l’exploitation et les abus sexuels qui a révélé une augmentation inquiétante de la méfiance à l’égard des dirigeants: 10% de ceux qui ont répondu ont exprimé un manque de confiance dans la capacité à lutter contre ce fléau.  M. Saunders a donc appelé l’ONU à agir de toute urgence pour rétablir la confiance et garantir la reddition de comptes.  Il a aussi récriminé contre le manque de financement durable -aggravé par les récentes réductions budgétaires- qui prive les victimes du soutien et des services dont elles ont urgemment besoin. Les ressources nécessaires pour prévenir et lutter contre les abus sexuels doivent faire partie des coûts de fonctionnement de base de chaque entité et de chaque programme national, a-t-il préconisé.  Enfin, il a encouragé l’ONU à passer à un modèle de lutte axée sur la protection des enfants, laquelle doit être institutionnalisée et intégrée dans toutes ses activités.

De plus, M. Saunders a insisté sur le rôle que doivent jouer les États Membres pour éradiquer les causes profondes et mettre en place des cadres juridiques et institutionnels solides et efficaces pour lutter contre ce problème.  À cette fin, en 2024, l’ONU a élaboré une clause-type sur la Politique de protection contre l’exploitation et les abus sexuels, qui doit être intégrée dans tous les cadres de coopération pour le développement durable.  En conclusion, M. Saunders a prié de ne pas prétexter des réserves inhérentes à cette question ou des contraintes budgétaires pour abandonner les victimes d’exploitation et d’abus sexuels. 

« Les droits et la dignité des victimes doivent être placés au centre des efforts de lutte contre ce fléau », a renchéri Mme Najla Nassif Palma, défenseuse des droits des victimes, en insistant sur la nécessité pour les victimes de faire entendre leur voix, de bénéficier d’une assistance et d’obtenir justice.  L’ONU, a-t-elle informé, a élaboré le Protocole des nations unies sur la prise en charge et l’accompagnement des victimes d’exploitation et d’abus sexuels et a publié la Déclaration sur les droits des victimes.  De plus, la présence sur le terrain de spécialistes dédiés à l’aide aux victimes pour défendre leurs intérêts fait une réelle différence, a souligné la défenseuse citant les résultats atteints en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Haïti et au Soudan du Sud: ces spécialistes ont considérablement amélioré le soutien apporté aux victimes et aux enfants nés de l’exploitation et des abus sexuels commis en situation de conflit ou de violence, car ils mobilisent des ressources, facilitent l’accès à l’aide, accompagnent les victimes pendant les enquêtes et, lorsqu’il y a des enfants nés de l’exploitation et des abus sexuels, ils aident à résoudre les demandes de reconnaissance de paternité et de pension alimentaire. 

Pour Mme Palma, le Fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’abus sexuels est uniquement destiné à combler les lacunes et il n’est pas possible de compter sur des contributions volontaires. Elle a donc prôné un financement intégré et prévisible pour tenir les promesses envers les victimes, en soulignant à cet égard le rôle essentiel des gouvernements hôtes, notamment par la fourniture de services publics, notamment la justice, et le renforcement des systèmes de lutte contre la violence sexiste et de protection de l’enfance.  Elle a appelé les gouvernements à aligner leur législation nationale sur les normes internationales relatives aux droits des victimes, à adopter une approche juridique plus souple pour traiter les demandes de reconnaissance de paternité et de pension alimentaire et à fournir une aide provisoire à ces enfants jusqu’à la fin de la procédure judiciaire. 

Apportant un témoignage venant du terrain, Mme Gwyn Lewis, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Bangladesh, a déclaré que son équipe fournit une aide multifacette, en particulier aux réfugiés rohingya, pour prévenir les exploitations et les abus sexuels.  Le système de l’ONU veille à ce que les rescapés soient au centre des efforts tout en aidant les victimes à accéder aux tribunaux locaux.  En 2023, a-t-elle indiqué, un réseau composé d’ONG, du Gouvernement et du système de l’ONU a été mis en place en faveur de la prévention et de la riposte dans le contexte local.  Mme Lewis a appelé à garantir un financement pérenne de ces efforts, sachant que cette lutte est un travail difficile nécessitant une approche cohérente. 

Dans l’échange qui a suivi, plusieurs délégations et parties prenantes ont exprimé des positions convergentes sur la nécessité de renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles, notamment dans les contextes de conflit et au sein du système des Nations Unies.  Trois axes principaux se sont dégagés de leurs interventions: la primauté de la prise en charge des victimes, le renforcement des mécanismes de prévention et de responsabilisation, et l’importance d’un appui institutionnel et financier durable. 

Le Mexique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse ont tous insisté sur la nécessité de recentrer les politiques sur les besoins des victimes.  Cela inclut l’accès à la justice, aux services de santé, à un accompagnement juridique, et à des mécanismes de signalement sûrs et efficaces. Le Royaume-Uni et la Suisse ont également souligné l’importance de faire entendre la voix des victimes, tandis que l’association Youth and Students for Peace, a dénoncé les préjugés persistants à leur encontre et l’absence de recours dans certains contextes professionnels.

L’Allemagne, les Pays-Bas, le Mexique, le Royaume-Uni et la Suisse ont appelé à une amélioration des mécanismes de prévention et de responsabilisation.  Le Mexique a insisté sur la formation des forces de l’ordre et des experts à l’enquête sur les violences sexuelles, selon une approche sexospécifique.  L’Allemagne a souligné l’importance de protéger les lanceurs d’alerte et de simplifier les services pour les survivants.  Les Pays-Bas ont plaidé pour une réponse coordonnée à l’échelle du système des Nations Unies.  La Suisse, pour sa part, a affirmé que la prévention repose sur une culture institutionnelle forte et un leadership engagé. 

Enfin, la nécessité de financements durables et de ressources prévisibles a été mise en avant par plusieurs délégations qui estiment que la lutte contre les violences sexuelles doit être intégrée de manière transversale dans la réforme des Nations Unies.  Le Royaume-Uni a souligné le rôle clef des coordinateurs résidents pour appuyer les efforts sur le terrain, tandis que la Suisse a mis en garde contre l’impact de la crise de liquidités sur les capacités de prévention.  En conclusion de cette table ronde, la déléguée du Costa Rica, l’une des Vice-Présidentes de l’ECOSOC, a demandé aux États Membres de mettre en place des mécanismes d’application de la tolérance et des sanctions en cas de non-respect des règles.  La politique de tolérance zéro doit s’appliquer aux technologies émergentes, a-t-elle ajouté.

Soutien aux pays dans leurs efforts visant à réaliser les ODD dans des contextes complexes: liens entre développement et consolidation de la paix

Ce dialogue interactif s’est penché sur les synergies entre la consolidation de la paix et le développement.  En quoi les investissements dans la consolidation de la paix et la prévention peuvent-ils contribuer à l’instauration de sociétés plus pacifiques?  En renforçant la résilience et la cohésion, en favorisant le dialogue social et en mettant en place des institutions étatiques inclusives, ont répondu les intervenants. 

Après avoir entendu des exposés de Mme Elizabeth Spehar, Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, et de M. Oscar Fernández-Taranco, Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, la voix du terrain a été apportée par les coordonnateurs résidents et coordonnateurs humanitaires en poste au Tchad et au Mozambique, deux pays confrontés à une convergence de crises qui entravent leurs progrès vers la réalisation des ODD. 

Face aux défis complexes et profondément interdépendants auxquels ces pays sont confrontés, il faut des réponses urgentes, coordonnées et soutenues, a plaidé M. François Batalingaya, Coordonnateurs résident des Nations Unies au Tchad, qui, comme son homologue, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Mozambique, Mme Catherine Sozi, a rappelé combien la crise climatique impacte la sécurité alimentaire, les conflits et les retombées des conflits dans les pays voisins notamment en termes de personnes déplacées.  Les intervenants ont tour à tour expliqué comment, grâce au repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et à son système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, il leur a été possible d’agir de manière plus efficace et plus cohérente, en étroite collaboration avec les Gouvernements respectifs, les agences onusiennes et les partenaires de développement.

Mme Sozi a dit avoir institutionnalisé cette collaboration à travers notamment une plateforme de coordination du développement et un groupe de travail de la communauté internationale sur les crises.  De son côté, M. Batalingaya a expliqué que le Gouvernement tchadien, en partenariat avec l’ONU et d’autres acteurs du développement, a lancé une initiative de résilience et de stabilisation à moyen et long termes pour l’est du Tchad.  Le pays s’efforce de passer d’une réponse d’urgence à une trajectoire de développement durable, a-t-il expliqué en soulignant la collaboration à cet égard avec l’ONU, l’Union européenne (UE) et des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.  Grâce aux financements du Fonds pour la consolidation de la paix et à des outils tels que l’allocation pour la prévention et la résilience, les Nations Unies et la Banque mondiale s’attaquent désormais conjointement aux causes profondes de la fragilité et des déplacements, a-t-il précisé.

Abondant en ce sens, la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix a mis en avant l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix en citant une récente étude du Fonds monétaire international selon laquelle pour chaque dollar investi dans la prévention de conflits, on peut générer un retour sur investissement de 103 dollars.  Pourtant les fonds consacrés à la consolidation de la paix et à la prévention sont toujours insuffisants et l’aide publique au développement (APD) est en baisse, tandis que les dépenses dans le secteur de la défense augmentent, s’est-elle alarmée.  Il ne fait plus de doute qu’il ne peut y avoir de paix sans développement, et qu’il ne peut y avoir de développement sans paix, a-t-elle martelé, une « évidence » reprise par le représentant du Japon

Comme la Commission de consolidation de la paix (CCP) travaille à l’articulation de la paix et du développement, elle a un pouvoir de mobilisation capable de réunir tous les membres du système pour appuyer les priorités de consolidation de la paix des États Membres, des priorités qu’ils définissent eux-mêmes, a fait valoir la Sous-Secrétaire générale.  Le Fonds pour la consolidation de la paix apporte d’ailleurs une contribution concrète à ces liens, un point souligné tant par l’UE que par d’autres États Membres intervenus dans le cadre de ce débat.  Tous ont reconnu l’importance de ce Fonds et déploré sa sous-capitalisation. 

Aux côtés du Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Mozambique a mis en exergue le potentiel d’autres fonds, en particulier le fonds d’affectation spéciale pluripartenaire et le Fonds pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Exhortant les États Membres à financer ces fonds, qui sont des mécanismes de financement communs pour la mise en œuvre des cadres de coopération, elle a fait valoir qu’ils permettent de réduire la fragmentation, de favoriser la collaboration et d’améliorer l’impact à grande échelle. 

Besoins en matière de développement et solutions pour les personnes déplacées 

Les participants à cette table ronde ont été invités à répondre à la question de savoir comment intégrer des solutions durables pour les personnes déplacées dans la planification du développement et garantir un engagement soutenu au sein du système des Nations Unies et au-delà. En Iraq, a répondu M. Ghulam Mohammad Isaczai, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident des Nations Unies et Coordonnateur des affaires humanitaires en Iraq, l’ONU se concentre sur le relèvement à long terme et des solutions durables en lien avec le Gouvernement.  Une feuille de route a été élaborée qui donne la priorité aux logements sûrs, à l’accès à l’eau et l’électricité, à la sécurité et à la stabilité à long terme. D’autres solutions comprennent le retour des personnes déplacées dans leurs régions d’origine.  Le représentant a salué l’engagement du Gouvernement provincial du Kurdistan envers ces solutions et souligné l’importance de la réintégration des personnes déplacées dans l’économie et de l’accès aux services essentiels de base. 

Après avoir salué le travail des coordonnateurs résidents, Mme Nicole Ruder, Directrice générale adjointe de la Direction du développement et de la coopération suisse, a mis l’accent sur les besoins de financement et de temps pour résoudre la crise des personnes déplacées.  Elle a prôné des solutions durables et conseillé d’écouter les populations locales et les gouvernements hôtes. 

Pour trouver des solutions concrètes aux besoins en matière de développement et des personnes déplacées, M. Robert Piper, ancien Conseiller spécial du Secrétaire général pour les solutions aux déplacements internes, a préconisé le passage du système d’aide internationale à un système d’appui et d’accompagnement, avec un soutien financier cohérent.  Soulignant l’importance d’une action rapide, il a exhorté les donateurs à débourser beaucoup plus tôt les ressources nécessaires pour financer les solutions.  En revanche, a-t-il déclaré, les dépenses humanitaires ne constituent pas une solution de sortie de la crise des personnes déplacées.  Il a quand même suggéré d’investir l’équivalent de 10% des dépenses humanitaires dans un mécanisme de financement concessionnel géré par les institutions financières internationales afin de mettre en place une réponse à grande échelle au problème des personnes déplacées. 

La réponse de la Colombie au problème des personnes déplacées est leur intégration à long terme.  Le Gouvernement s’efforce de transformer les territoires, les économies locales et de renforcer la paix afin de leur permettre de revenir et de se réinstaller en toute sécurité.  Pour le Nigéria, l’ONU est mieux placée pour résoudre le problème des personnes déplacées mais pour cela, elle doit améliorer la cohérence des politiques, partager les ressources, renforcer les capacités, mettre l’accent sur la reddition de comptes et renforcer l’accès aux services de base. 

Dans le droit fil de cet échange, la Géorgie a indiqué offrir des conditions décentes pour les personnes déplacées comme l’aide matérielle et le choix d’une formation.  On veut une solution durable, a plaidé le Mexique en avertissant que les déplacements de population peuvent intervenir dans n’importe quel lieu de la planète et arriver à tout individu à cause des catastrophes naturelles ou des guerres.  Offrir une solution aux personnes déplacées, c’est mettre en place une coordination entre les efforts de développement et la paix, a analysé le représentant.  Pour l’Azerbaïdjan, les solutions, ce sont les villes et les villages intelligents, mais il faut avant tout résoudre le problème d’ampleur des mines terrestres dans son pays.  Il a demandé à l’ONU de renforcer les opérations de déminage. 

Pour trouver des solutions au problème des personnes déplacée, il faut remédier aux problèmes de développement à long terme, a estimé l’Allemagne saluant la création du Pôle mondial de solutions aux déplacements. L’Initiative ONU80 est une occasion idoine pour créer des synergies et des solutions efficaces, a estimé la délégation.  Le Royaume-Uni a promis d’aider les 80 millions de déplacés dans le monde en mettant en œuvre des programmes multilatéraux et bilatéraux, avant d’exhorter les autres États Membres à financer les fonds d’aide aux personnes déplacées.  L’Arménie, qui souffre de vagues de réfugiés de force, a témoigné d’avoir mis en œuvre des programmes de développement à long terme pour qu’ils puissent refaire leur vie dans le pays en bénéficiant de programmes d’accès aux services de base. 

Experte de la question, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a souligné l’importance de « la visibilité » sur la question des personnes déplacées.  Les gouvernements doivent être aux commandes en matière de visibilité, de reddition de comptes et d’appropriation des solutions aux déplacements, a-t-elle recommandé.  Enfin, le grand groupe des enfants et des jeunes a prôné l’octroi de terres et d’abris aux jeunes déplacés pour qu’ils puissent reconstruire leur vie.  Les gouvernements doivent aussi leur garantir une vie dans la dignité, investir dans des programmes sociaux pour empêcher le recrutement des jeunes par les gangs et investir dans la résilience avant, pendant et après les déplacements, a préconisé le groupe. 

 

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